Oculus présente une marqueterie dont le placage est découpé à l’aide d’une machine laser. Un décalage intéressant est produit par le télescopage de l’aspect pittoresque d’une marqueterie et du fait que, lorsque l’on se penche dessus, on réalise que le dessin n’a pas pu être réalisé par une main humaine. La sensation d’étrangeté est aussi produite par la scène mise en place par les morceaux de bois : un bureau désaffecté, avec des accessoires dont on a oublié l’utilité. Le bureau : l’atelier décalé (auquel on enlève le caractère d’exception et d’originalité de l’atelier d’artiste). Ce lieu de travail, d’occupation, avec des outils dont je ne connais pas forcément l’usage, me séduit par son étrangeté. Le porte-documents, les corbeilles à courrier, les modules de classement, les sous-mains, les trieurs et les organisateurs sont un véritable répertoire de formes, déjà désuets, bientôt oubliés. Ils sont au bureau ce que le chevalet est à l’atelier de l’artiste. La marqueterie est couramment utilisée à des fins ornementales, c’est une technique qui demande du temps et de l’investissement. Elle est le plus clair du temps florale ou champêtre, essentiellement décorative, déroulée sous forme de motifs, alors qu’ici elle est utilisée pour composer une scène a priori banale, en lui donnant une dimension nouvelle.
N. B.