Dnsep 2015
Magali Halter est en réalité un autre. Dans ses performances, elle incarne, ou peut-être est-ce lui qui l’habite, King Baxter un personnage volcanique qui la conduit dans ses errances mentales et physiques vers une pratique de l’écriture et de la scène. Qu’il s’agisse d’un simple Tour de passe-passe ou de sa laborieuse ascension, batterie sur le dos, d’une des îles Éoliennes, sa pratique de la vidéo, de la photographie et de l’installation est profondément ancrée dans un rapport aux sciences occultes, à la mythologie formant ainsi une mythologie personnelle. Aussi, ses autoportraits sont-ils des mises en scène qui au-delà de l’exhibition d’elle-même, procèdent d’un délaissement de soi, d’une désindividualisation dont la portée est plus politique encore dans son statement, Profiter de la scène pour être quelqu’un d’autre. Oui.Dans ses installations infernales, l’inscription Primus in terra deos fecit timor [C’est en premier la peur qui crée les dieux sur terre] apparaît systématiquement en toile de fond, tandis que de grands tirages, vidéoprojections ou dessins dressent des paysages ténébreux. Cultivant systématiquement l’ambiguité d’un auteur « transgenré », c’est également la transposition de l’espace de la scène à l’espace de l’exposition qui est ici questionné.
Benjamin Laugier