Dnsep 2015 – Mention
David Perreard réalise de courtes vidéos qu’il met en scène à la manière d’un marionnettiste. Il décompose sa pratique entre l’atelier dans lequel il crée décors et personnages modelés et le studio où il conçoit des animations 2D et opère la post-synchronisation des voix.Les narrations qu’il compose prennent leurs sources dans les scènes du quotidien dont on pourrait être le témoin inopiné. Jouant des codes de la production audiovisuelle, il brouille les rapports entre fiction et réalité par des subterfuges parfois volontairement grossiers tels que le décalage de la voix et de l’image, l’intégration d’un fond artificiel ou encore le grimage d’une comédienne pour incarner un personnage masculin.
Perreard met le spectateur à l’épreuve. Du rire dans un premier temps, car les pastiches sont nombreux et les dialogues cocasses, mais aussi de la gêne dans laquelle on apprécie finalement de s’installer. In fine c’est d’intégration dont il est question dans ses fictions et les ressorts comiques dont il use sont autant de phénomènes d’identification.
Dans Embedded, il incarne un homme qui rencontre une femme au restaurant dans le cadre d’un rendez-vous arrangé. En retard, il arrive grimé, semble-t-il pour mieux se fondre dans sa nouvelle vie chez les personnages animés.
Pour 1000 mercis, sa mère est une internaute qui administre une chaîne Youtube. Dans la vidéo qu’elle adresse à ses followers, un tour de magie se joue l’air de rien.
Enfin, dans Bardenas, un couple se prélasse à l’arrière d’une voiture qui roule sans conducteur dans un paysage de western. Rapidement, ils sont doublés par une bande qui cherche à leur adresser un message. Leur monture serait-elle en réalité un engin hors de contrôle ? Ils sautent en route et cherchent un véhicule plus docile.
Benjamin Laugier