Aude Van Wyller

Dnsep 2015 – Félicitations

Aude Van Wyller met en place un travail d’écriture, de composition, d’installation et de performances sonores.

Le matériau premier de son écriture est les mots des autres qu’elle agence dans des poèmes partitions « destinés à être (non)interprétés par des récitants » dans des chorégraphies dont la mise en espace des sons est fonction de l’architecture.

Elle associe à ces voix des installations multicanaux « où se mèlent voix diffusées, lues, enregistrements d’improvisations, et phonographies de bruitages. »

Dans sa pratique de la citation, Aude Van Wyller va à la fois puiser dans les références littéraires qui l’alimente (André Martel, Ghérasim Luca, Raymond Roussel, Armand Robin) ou encore dans le cadre de workshops qu’elle initie. Aussi en associant le collectif à cette démarche, comme autant d’auteurs potentiels, désubjectivise-t-elle son travail.

Précisément dans son installation performantielle intitulée Je n’est plus qu’un il, quatre enceintes sont disposées sur les terrasses de la Villa Arson. Cette citation de Louis-René des Forêts, interprétée en boucle et selon un large registre d’intonations résonne comme une absurde litanie.

Bonheur Massiu quant à lui, procède d’une dictée faite à des personnes de langues étrangères et dont se subsiste que ce qu’il ont pu percevoir et retranscrire, parfois très phonétiquement.

Benjamin Laugier

Rosamath

La citation, comme échantillon sonore ou écriture est un procédé récurrent dans mes installations.

Michel de Certeau dans son article Utopies Vocales, affirme qu’en deçà de la parole, notre voix recompose une glossolalie en filigrane (dans ses intonations et ses erreurs), qu’il nomme « voix passantes », comme si nos bouches captaient d’autres résidus de voix à la façon d’une radio, malgré notre volonté de faire signifier notre langage.

A. V. W.

<em>Rosamath</em>, 2014 <br>citation d’un dessin d’André Martel, poète, papafol, ici déformé et choisi dans ces installations pour servir de boussole en charabia<em>Rosamath</em>, 2014 <br>dessin à la craie <br>citation d’un dessin d’André Martel, poète, papafol, ici déformé et choisi dans ces installations pour servir de boussole en charabia

Capobak

<em>Capobak</em>, 2014 <br>récitation pour 3 personnes en courant dans les escaliers<em>Capobak</em>, 2014 <br>partition pour récitation pour 3 personnes en courant dans les escaliers<em>Capobak</em>, 2014 <br>partition pour récitation pour 3 personnes en courant dans les escaliers<em>Capobak</em>, 2014 <br>partition pour récitation pour 3 personnes en courant dans les escaliers

Au-delà ligne

extrait : « gribouilli de crominance au-delà ligne, libre arbitre pris, rajouté en deçà des lignes impures, nussa pen, peine pour kuala-lymphe, phe, phy de tous ces pha, coche coche gît gît jure de remuer un ci ci ci ciol de chamb jolie »

« immédiate sortie »

Ce charabia est tiré de la transcription phonétique en mots ou en syllabes des sons ramenés par la sonde Rosetta. Après avoir analysé de cette manière dix échantillons et en avoir produit dix phrases, je les ai organisés sur un plan (de format A4). Chaque phrase a son territoire et le dessin est pensé comme si la ligne pouvait être celle d’une bande magnétique, que viendrait lire une tête de lecture en la parcourant.

Le dessin transposé au sol de l’atelier, dans une première version (ci-contre), a permis à des récitants de lire le texte pendant leur marche. Ils lisent chacun leur texte en boucle, en suivant la ligne, selon un protocole de volume qui module leurs interventions bien que le murmure général soit incessant.

Ce moyen de transposition du plan à l’espace de l’atelier fut pour moi le moyen de tester un dispositif de simultanéité et de ready made vocal. De cette manière, on assiste à la modélisation de la collection de sons de Rosetta, configurés dans un nouvel espace et réduits dans leur définition sonore au medium de la voix. Cela produit un tout autre « paysage sonore », plus rudimentaire et presque dérisoire au regard de la chaîne technologique qui nous permet d’entendre les enregistrements originaux.

Aujourd’hui la pièce passe du texte au sol et, grâce au fait que les récitants ont appris leur texte par cœur, elle s’exécute en extérieur.

A. V. W.

<em>Au-delà ligne</em>, 2015 <br>dessin, performance, voix<em>Au-delà ligne</em>, 2015 <br>dessin, performance, voix<em>Au-delà ligne</em>, 2015 <br>dessin pour performance

Bonheur Massiu

J’ai demandé à cinq personnes, dont deux ne parlant pas français, de prendre par écrit à la volée le texte que je leur dictais. Cela a donné cinq interprétations parfois phonétiques de ce qu’ils ont pu inscrire de ce texte. Par le dessin, je voulais insister sur la comparaison entre les cinq textes par leur lecture simultanée, tout en représentant chaque personne ayant participé à cette dictée.

A. V. W.

<em>Bonheur Massiu</em>, 2014 <br>dessin à la craie sur les terrasses de la Villa Arson, visible pendant l’écoute d’autres pièces sonores et performances en extérieur<br>dimensions variables<em>Bonheur Massiu</em>, 2014 <br>dessin mural <br>vue d'accrochage<em>Bonheur Massiu</em>, 2014 <br>dessin<em>Bonheur Massiu</em>, 2014 <br>sérigraphie sur Velin d'Arches <br>56 cm<em>Bonheur Massiu</em>, 2014 <br>dessin à la craie sur les terrasses de la Villa Arson, visible pendant l’écoute d’autres pièces sonores et performances en extérieur<br>dimensions variables

SAPONEGIAS, SENIOR, VIVA LA GRECE,
BLUE QUATRE, ANIME, PLUTATONINO,
SYNTHEMETE, SUPERGÊNE, SILENCE !
STOP! BOUCHE, SUPPLIER, TREPNON,
POMPENT SUTENT, LOUPON, LA CHRONIQUE VE TOUS D’ACCORD.
UN CHAUFFEUR AUX SHOWS.

IRK SIGNONS VIVE LA POLICE
VOLANT DE BLOUSE
À COQUARDE
SENTIMENT KAPOULKI
LUTTE NEUVIÈME
DE SA GLOIRE RÉCENTE
PAR UN SIMPLE HAMEÇON
OÙ VA LA
DIRECTION
BOUCHE
PLUS HAUT
LA CHUTE DE TROTTMAN
QU’IL FIT DEUX
JOURS PLUS TARD
TITULAIRE DU FRISSON
PAR MALHEUR POUR
LA CHRONIQUE
DANS UN RECOIN OBSCUR
MON COUSIN VOUCHOU

BONHEURE SIGNONS VIVE LE MAUVAIS !
BLOUSE À MAISON SENTIMENT
SA GLOIRE INOUÏE SAPORIGÈNE PÂLE
CHANTER ON DEMANDA VOIR
BOUCHE AUDITION SUPPLICE
CHUTE CERTAINE ANACADAMIA
BOUSSI BODI COLOMBINE RÉELLE
PAR ETRANGLER CORPS HORRIBLE
OBSCURE BRUIT REPRÉSENTATION

SUPERVILLE
SENIOR IR
VU LA POLICE
TOUT HE TNE MOUÉ !
MEEK SEUT SENTIMENT (3)
ROLUT ! SEGLO A DE SANG
JE ME DEMANDE
QUE SENTIMENT !
IRK !
SIP !
(OÙ VA LA DIRECTION ?)
OU SE PAR L’ARTISTE
TROP MAN U DIMINO
CUP CAPUCH, A VODE FU DE LA PARTIE
REAN DE LA FLEC
COLOMBIN
VETIURE ET MUTILE LA MAGASIN, IL IMMÉDIAT
ALORS SARGATE U !!!

BONHEUR MASSIU :
« VIVE LA POLICE À COCARTE ! »
QUEL SENTIMENT !
QUI, TOUT FRISSONNANT
LANCÉ PAR UN SIMPLE AMATEUR (OÙ VA LA DIRECTION ?)
SA FIN TRAGIQUE
ENTRE: QU’IL FIT DEUX JUURS
PLUS TARD
ON LE RETROUVA DEUX JOURS
PLUS TARD
CHAUFFEUR

Courts – montages

Bon bain – montages

Bon bain
montage
son stéréo
3’24
emprunt à L’Amour par terre de Jacques Rivette

Le je n’est plus qu’un il

<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>partition de la récitation<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>partition pour récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>partition pour récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>partition pour récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix<em>Le je n'est plus qu'un il</em>, 2014-15 <br>partition pour récitation pour quatre personnes et diffusion pour quatre enceintes, voix

 

Pentacle tonique

Opericube

«Nous jouerons, entre autres exercices sur la mémoire que nous avons des voix et que nous ferons défiler en parlant devant un micro… on se positionnera comme lecteur automatique de sa pensée, il s’agira de désubjectiver sa voix, de la mettre dans une perspective de parole qui échappe complètement à la communication bien qu’elle soit oralisée. Une parole objet, avant ou après message. Tous les phénomènes de citation, de ritournelle, de reprise, de parodie peuvent donc survenir.

La pratique de notre parole : une logorrhée.
(Les troubles de la parole peuvent nous intéresser comme technique orale, ainsi l’écholalie, la dysglossie, etc.)

Nous serions soumis au flux de nos images/voix mentales, préfigurant — déjà en parlant — les enceintes qui diffuseront le montage fixé de toutes nos voix.

Le montage vocal (comme en situation d’interview) fait référence au nettoyage de nos pensées verbalisées. Une version écrite.

Le montage est-il du côté de l’écriture, de la séparation ou de l’omission ?

L’éloquence dans la communication se rapporte a priori au montage, puisque nous adressons notre parole.

Et lorsque le tri dédié à la communication ne s’effectue pas, mais que nous parlons, y a-t-il encore montage ? Le flux de la pensée n’est-il pas déjà construit comme un montage ? Une pensée, une parole non-montée est-elle utopique ?

Est-ce que notre montage diffusé doit imiter le flux de la pensée ? Est-ce que le montage traditionnel d’objets sonores s’oppose à ce flux ?
Que se passe-t-il lorsque l’on fait parler le flux conjugué de tout un groupe ? Accède-t-on à ce que l’on pourrait qualifier de bruit mental ? Peut-on produire une parole collective ? Par quel procédé peut-on trier cette parole collective ? Faudra-t-il la saisir ? L’organiser en plans spaciaux ? Ce tri peut-il être réalisé en groupe ? Le montage sonore n’est-il pas par essence une activité réservée à l’individu ?»
Texte de présentation écrit à destination des étudiants participants au projet Opéricube 

A. V. W.

Ma pratique s’est aussi construite dans l’organisation de situations permettant le prélèvement d’une matière vocale collective.

Après avoir conçu durant une correspondance de six mois avec Laurent Gérard alias Elg — artiste et musicien bruxellois qui a notamment travaillé le montage vocal avec ses « capitaine présent »—, un projet de workshop à destination d’une vingtaine d’étudiants de la Villa Arson. Nous avons pu expérimenter lors d’une semaine intensive de travail en huis-clos, grâce au soutien de Pascal Broccolichi et du studio son, un parc d’une dizaine de micros nous permettant d’improviser vocalement durant deux jours tout en enregistrant la totalité des interventions des participants.

À cela s’en est suivi deux jours de montage dont le fruit, nommé Opericube a été restitué lors d’un concert public en première partie d’Elg, concert que j’ai moi-même produit et organisé (affiches, flyers, mise en place d’un blog, communication) dans le Grand Amphi de la Villa Arson.

Ce montage a été projeté dans un petit acousmonium de 10.1 enceintes et transformé ainsi en multiphonie au moyen d’une table de mixage que j’ai conduite lors de ce concert.

A. V. W.

<em>Opericube</em>, 2015 <br>capture du blog

<em>Opericube</em>, 2015 <br>affiche du concert<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop<em>Opericube</em>, 2015 <br>workshop