En face de la mer, le printemps doux, les fleurs épanouies
J. C.
Dnsep 2015 – Mention
Les performances de Junkai Chen empruntent aux formes de l’opéra traditionnel chinois et aux codes de la musique expérimentale.Cadré par un teatrino minimaliste, il chante et manipule sons et lumières au travers de capteurs disposés sur ses doigts. Cette gestualité aux allures martiales est la chorégraphie d’un chef d’orchestre qui règne sur ses machines.
Il associe ainsi la composition en temps réel des sons de la gamme pentaphonique à des dispositifs de lutherie électronique qui assurent l’ornementation propre au système musical chinois.
En toile de fond, une projection d’objets géométriques animés qui, s’ils contrastent avec l’ambiance musicale, sont en relation avec les gestes de l’artiste.
Fidèle à la tradition de l’opéra chinois codifié à l’extrême, Chen chante grimé, en référence aux hommes incarnant des personnages féminins lorsque les femmes étaient interdites de scène. Cependant, et puisque le système n’est pas beaucoup plus tolérant aujourd’hui, il interprète une œuvre du poète Hai Zi. Figure emblématique de la littérature contemporaine chinoise et de la contestation pacifiste, l’auteur invoque, deux mois avant les événements de la place Tien An Men de 1989, un paysage idéal dans un monde chaleureux.
Benjamin Laugier